Lors du 22e sommet de l’Union africaine, la délégation de l’ACBF conduite par le secrétaire exécutif, le Pr Emmanuel Nnadozie, a pris part à un forum de haut niveau organisé en marge du sommet par les parties prenantes de l’Initiative sur l’autonomisation des femmes dans l’agriculture (EWA). Le forum a été l’occasion pour le secrétaire exécutif de présenter les principales conclusions de l’étude conduite par l’ACBF sur la cartographie des défis des capacités qui se dressent sur le chemin de l’autonomisation des femmes dans l’agriculture.
Parmi ces défis en note :
Déficits de capacités dans les politiques
- Le défaut de politiques est identifié comme un obstacle majeur. L’étude réaffirme les dysfonctionnements entre les documents de politique et l’exécution réelle des politiques.
- Les politiques ne sont pas décentralisées au plan infranational, notamment celles des partenaires au développement
- On ne soulignera jamais assez l’importance des politiques. Avec les nouveaux programmes, elles seront nécessaires si l’on peut s’attaquer aux autres obstacles.
- Elles devraient constituer un objectif du renforcement immédiat des capacités.
Déficits de capacités dans les initiatives et programmes en cours
- L’absence de compétences et de connaissances viennent en première position suivie de celle de financements et en troisième position celle des terres.
- La technologie qui est étroitement liée aux compétences et connaissances vient en cinquième position et l’accès au marché est classé quatrième par ordre d’importance.
- Bien que l’accès à la terre soit très important pour tous les pays, il convient de noter qu’il est classé quatrième par ordre d’importance. Cela sous-entend que la terre seule ne suffit pas à autonomiser les femmes.
- Si l’absence de compétences et de connaissances est en bonne position au Malawi et au Rwanda, les contraintes de la terre viennent en première position au Libéria et le crédit au Burkina Faso et en Tanzanie. L’Éthiopie ne donne aucune réponse à cet égard.
- L’accès à d’autres ressources pour l’investissement dans la terre est probablement plus important que le seul accès à la terre.
Déficits de capacités dans les programmes du PDDAA
- Les programmes du PDDAA démontrent de faibles niveaux de différence entre les sexes atteignant à peine le niveau moyen de 2.0.
- Le PDDAA a un objectif limité dans les pays et n’est pas bien intégré dans les systèmes agricoles nationaux (SAN). Il faut une meilleure intégration afin qu’il puisse compléter les programmes des SAN.
- Les programmes PDDAA privilégient davantage l’accès aux marchés, à la terre, la formation et les services de bien-être social avec peu ou pas de programme sur les infrastructures (essentielles pour les femmes) en dépit des politiques bien définies du PDDAA à cet égard. L’absence d’infrastructures est défavorable au développement de l’agriculture.
- Les programmes de formation du PDDAA ne reflètent pas les besoins particuliers des femmes. Il faut élaborer des programmes de formation propres à chaque sexe afin de compléter ce qui existe.
- La plupart des programmes du PDDAA ne prévoient pas l’accès à la terre et aux marchés.
Déficits de capacités dans les programmes des systèmes agricoles nationaux (SAN)
- Les programmes des SAN font preuve de faiblesse du point de vue de la participation des femmes en raison des faibles capacités. Le Rwanda compte les meilleures pratiques d’amélioration du profil de la femme dans le leadership.
- Les programmes des SAN ne consacrent pas suffisamment de budget à l’intégration des femmes dans les programmes. Ceci en raison des faibles capacités d’analyse des responsables gouvernementaux. Les gouvernements doivent donc incorporer la budgétisation propre à chaque sexe dans les budgets nationaux.
- Davantage de femmes ont bénéficié de formation en Éthiopie, au Libéria et au Malawi mais moins au Rwanda, en Tanzanie et au Burkina Faso.
- La majorité des pays ont privilégié les cultures vivrières plutôt que les cultures de rente qui auraient pu autonomiser davantage de femmes.
Le forum de haut niveau a été présidé par S. E. Hélène Johnson – Sirleaf, présidente de la République du Libéria, championne d’EWA. En plus des co-organisatrices, Femmes Afrique Solidarité et l’ACBF – la plupart des partenaires d’EWA y ont pris part, parmi lesquels la Commission de l’Union africaine, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la Fondation Bill et Melinda Gates, les Nations Unies (CEA, UN – Women, PNUD), OCP, la Fondation Tony Elumelu, etc.
La marche à suivre
Afin que les partenaires d’EWA contribuent au succès de l’initiative selon leurs avantages comparatifs, l’ACBF a proposé l’action ci-après :
- L’ACBF doit partager le projet de rapport d’enquête avec toutes les parties prenantes d’EWA pour recueillir leurs commentaires et contributions – avant le 7 février 2014.
- Rencontre technique des parties prenantes à l’effet de discuter des conclusions, faire le point des plans d’action des partenaires afin de s’attaquer aux déficits et identifier un créneau spécifique pour EWA – mars 2014.
- Élaboration d’un descriptif de projet EWA et adoption par ses parties prenantes – mai 2014.
présentation du descriptif de projet et conférence pour les annonces de contributions en faveur d’EWA – juin 2014.