Les intervenants de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont rappelé aux délégués de la première Conférence sur la lutte antitabac et le développement en Afrique le niveau élevé de soutien que les pays africains apportent à la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac.
Mme Adriana Blanco Marquizo (Dr), du Secrétariat du FCTC, a souligné que 44 des 47 pays de la Région Afrique de l'OMS étaient signataires de cette convention. « Ces pays ne se contentent pas de belles paroles, ils sont clairement engagés » a-t-elle déclaré
Le Dr William Maina, Chargé de projet principal à la Région Afrique de l’OMS en Ouganda, a apporté des preuves supplémentaires:
- 36 pays africains sur 47 ont adopté des lois portant réglementation du tabac. Il existe encore 11 pays dont la population n'est pas protégée par des lois relatives à la lutte antitabac.
- 36 pays africains au total ont imposé une restriction au tabagisme dans les lieux publics - certains dans tous les lieux publics et d'autres de manière moins exhaustive.
- 24 pays africains ont adopté des lois exigeant des mises en garde graphiques de grande taille relatives aux risques du tabagisme pour la santé sur les emballages des produits.
Cette conférence était aussi l'occasion de discuter du programme inachevé visant à faire avancer la lutte antitabac en Afrique.
De nombreux intervenants ont indiqué que les pays africains avaient fait un usage insuffisant de cet outil potentiellement puissant qu'est l'augmentation de la taxation des produits du tabac, qui sont par conséquent assez bon marché en Afrique. Quatre pays seulement ont atteint l'objectif recommandé d'une taxe d'accise s'élevant à 70 % du prix total du produit.
Les intervenants ont aussi souligné la faiblesse relative de la mise en œuvre des dispositions sur la lutte antitabac et la question connexe de l'insuffisance des ressources allouées à la lutte contre le tabagisme en Afrique. Ce manque de capacités humaines a affaibli la production de preuves pour des approches de contrôle produites localement et adaptées au contexte. Les gouvernements africains n'ont pas accompagné leurs engagements politiques des engagements financiers concrets, qui, selon les intervenants, seraient nécessaires pour plus d’efficacité dans la lutte antitabac en Afrique.
L'un des aspects de la lutte antitabac qui nécessite une attention particulière en Afrique est celui de l'offre. En effet, dans certains pays du continent, la production de tabac constitue encore un moyen de subsistance pour un grand nombre de personnes. Le développement de moyens de génération de revenus alternatifs n'a pas bénéficié de l'attention requise.
Les tentatives de l'industrie du tabac d'entraver les mesures de contrôle - par exemple, à travers des litiges - et sa capacité à tirer parti de toute lacune dans la défense réglementaire des nations sont des facteurs auxquels est encore confrontée la communauté de la lutte antitabac en Afrique.
Tout en reconnaissant cette réalité, le Dr Ahmed Ogwell Ouma, du Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies, a exhorté les chercheurs, les défenseurs et les planificateurs de la lutte antitabac à se concentrer moins sur les problèmes et davantage sur les solutions. « Nous avons l'habitude de nous focaliser sur l'industrie du tabac et c'est elle – plutôt que nos solutions - qui occupe tout le débat », a-t-il déclaré en réponse à une question. « Changeons de sujet. Cessons de parler de l'industrie du tabac, focalisons-vous sur les possibles solutions et engageons-nous auprès des décideurs politiques »