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Voir au-delà des programmes de commerce et d'infrastructure est essentiel à une intégration régionale réussie

25 aoû, 2015

L'intégration régionale en Afrique a émergé de manière quelque peu pragmatique et flexible. A cause de cela, l'évolution des institutions de l'Afrique chargées de l'intégration régionale a été principalement réactive, la plupart ayant émergé en réponse aux besoins immédiats urgents et/ou à la pression des bailleurs de fonds. Il en est donc  résulté une multitude de communautés économiques régionales (CER) et d’organisations inter-gouvernementales qui semblent avoir adapté leurs structures de coopération aux différentes priorités qui illustrent la diversité des sous-régions de l'Afrique. L’on constate que des 54 pays d'Afrique, cinq seulement appartiennent à une seule CER, tandis que trois pays appartiennent à quatre, et le nombre des membres varie considérablement.

Nonobstant cela, les efforts d'intégration régionale en Afrique ont tendance à suivre une approche descendante, ce qui n'a pas vraiment appuyé les efforts de coopération régionale des CER en tant que composantes d'une Communauté économique africaine comme prévu à l'origine. Les limites de l'approche existante sont tout à fait évidentes. Entre autres, l’on n’a pas abouti à des institutions plus efficientes et plus efficaces pour l'intégration régionale, condition nécessaire à la création de grands marchés communs ou à la gestion  des défis et opportunités croissants de l'Afrique. 

Les institutions sont importantes pour bon nombre d'activités humaines, entre autres l'intégration régionale étant donné qu'elles déterminent les règles ou normes formelles et informelles qui régissent les interactions ou le comportement humains. La question est de savoir laquelle de ces institutions (entités organisationnelles, dispositifs de procédure, cadres réglementaires) est essentielle pour l'intégration régionale en Afrique et pourquoi. Il s’agit aussi de savoir comment nous pouvons les établir ou les renforcer afin d'accélérer l'intégration de l'Afrique, ce qui est largement considéré comme essentiel au développement durable sur le continent. 

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Pour accélérer l'intégration régionale en Afrique, le continent doit développer des institutions qui ont certaines caractéristiques essentielles et qui feront un certain nombre de choses importantes au-delà de la promotion du commerce et des programmes régionaux d'infrastructure. Une intégration plus rapide du continent exigera des institutions d'intégration régionale: 

1. Le renforcement du leadership car le leadership est essentiel pour l'intégration régionale. Un leadership visionnaire et efficace est une condition essentielle pour accélérer l'intégration régionale. Le leadership transformateur et la volonté politique sont importants pour identifier et défendre les intérêts de l'Afrique à tous les niveaux. 

2. L’information, l’éducation, le changement des mentalités, la promotion d’un esprit d'africanité, la solidarité africaine et le panafricanisme. Cela est essentiel pour s’assurer que les peuples du continent se considèrent d'abord comme Africains avant de regarder leurs nationalités respectives. 

3. de faciliter la prise de bonnes décisions et leur application ainsi que la conception, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de bonnes lois et politiques. Ceci est particulièrement important pour veiller à ce que des organes tels que les secrétariats ou commissions des communautés économiques régionales (CER) soient structurés et habilités à prendre des décisions contraignantes au nom des Etats membres afin d'accélérer la mise en œuvre des projets d'intégration, des programmes et des politiques régionales. Ils doivent contribuer à la réalisation des programmes à l'échelle du continent, entre autres les objectifs du Traité d'Abuja et l’Agenda 2063 de l'UA. 

4. de prévoir un mécanisme financier solide qui permettra aux capacités de s’étendre à travers le développement, l'emploi, la conservation et l'utilisation complète et optimale des capacités humaines, notamment les capacités de conception, de mise en œuvre et de suivi et évaluation des politiques. 

5. de s’occuper des capacités indirectes, souvent négligées, qui sont au cœur de l'intégration régionale, en particulier le leadership, le changement des mentalités, la motivation de la volonté politique et les valeurs partagées. 

6. de favoriser un processus d'intégration régionale axé sur les citoyens et de permettre une participation et une propagation maximales de l’information sur les bénéfices de l'intégration régionale. 

7. de renforcer la participation des organisations de gouvernance supranationales, nationales et locales qui sont nécessaires pour participer au processus de l'intégration africaine. Les institutions d'intégration dans les CER africaines doivent être restructurées pour permettre une participation politique nationale maximale  aux activités de l'Union africaine (UA) et des CER. 

8. de servir de voix à l'Afrique et d'améliorer l’interaction du continent avec le reste du monde. 

En outre, les configurations institutionnelles qui appuient l'intégration régionale sont celles qui tolèrent la diversité et la flexibilité interne et une Afrique à plusieurs vitesses et qui ont des cadres juridiques clairs et transparents, à la fois sur papier et en cours d'utilisation, avec des règles d'adhésion et de conformité clairement définies. Ce sont aussi les institutions (secrétariats) qui ont un mandat juridique clair et indépendant et des liens institutionnels clairs avec les organismes nationaux compétents, les intervenants, les autres institutions d'intégration régionale et les institutions mondiales.

Après avoir identifié les caractéristiques souhaitables des institutions d'intégration régionale, la question naturelle est de savoir quelles institutions sont plus particulièrement essentielles pour l'intégration régionale en Afrique et pourquoi. Si l'objectif de l'intégration régionale est de promouvoir le développement économique, favoriser la stabilité politique et la bonne gouvernance, promouvoir le développement social ainsi que la paix et la sécurité, trois institutions sont essentielles: les institutions qui définissent les règles du jeu, les institutions qui déterminent les programmes, les organisations (supranationales et nationales) qui appliqueront l'intégration et les mécanismes et le cadre qui assurent le respect et la mise en œuvre.

Dans cette catégorie d'institutions, il y a  d’abord une constitution, un traité ou un cadre juridique qui définit comment les Etats membres et les institutions interagissent et comment le pouvoir est partagé entre les parties supranationales, nationales et locales. La constitution ou le traité doit permettre à l'UA ou à la CER d’imposer sa volonté aux pays membres.

En deuxième lieu, il y a un cadre juridique qui rend l'action politique pertinente pour les citoyens au niveau local et crée la détermination (ou oblige) les gouvernements à domestiquer les lois adoptées par l'UA ou les CER car les législatures nationales sont impliquées dans l'adoption de lois de l'UA ou des REC. Le cadre doit également veiller à ce que les organismes et les tribunaux réglementaires nationaux et supranationaux participent à l'arbitrage des lois de l'UA ou des CER. Il doit également permettre que les décisions soient accessibles par vote à la majorité simple ou qualifiée, ce qui assure une certaine transparence à travers leurs citoyens.

Il est nécessaire d’avoir des organismes qui présentent l’orientation générale de la politique et des politiques et des lois applicables dans les Etats membres de l'UA. À cet égard, il faudra inclure les mécanismes et arrangements décisionnels qui existent dans les organisations de promotion de l'intégration régionale en Afrique soit au niveau continental, soit au niveau régional. Parmi ceux-ci se trouvent l'Assemblée des chefs d'Etat et de gouvernements, etc.

  • Il est également nécessaire d’avoir des organisations qui animent le programme d'intégration. Celles-ci comprennent les institutions continentales, régionales et nationales traitant de diverses questions politiques, économiques et sociales nécessaires pour favoriser l'intégration régionale ainsi que les organisations continentales ou régionales non gouvernementales qui appuient l'intégration, par exemple, : L'Union africaine et ses organes, les CER et d'autres institutions intergouvernementales,
  • Les institutions continentales ou organisations panafricaines qui appuient d'une manière ou d'une autre les efforts d'intégration de l’Afrique, entre autres la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF), la Banque africaine de développement (BAD) et la Commission économique pour l'Afrique (CEA). 

Il est également essentiel de mettre en place de groupes de surveillance indépendants qui veilleront au respect des lois, à l'application des décisions et des politiques et qui mobilisera pour assurer que des mesures soient prises à différents niveaux.

Le Rapport 2014 sur les indicateurs des capacités en Afrique (RICA 2014) de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique montre que, à l'heure actuelle, les capacités de mise en œuvre de la coopération et de l'intégration régionales sont insuffisantes. Par exemple, de nombreux protocoles qui ont été signés restent lettre morte, en raison des capacités institutionnelles de mise en œuvre insuffisantes et inefficaces. Dans certaines CER où les capacités existent, elles ne sont ni utilisées de façon optimale, ni suffisamment entretenues. De même, l'appartenance multiple nuit à la capacité de l'Afrique à négocier d'égal à égal avec, par exemple, le G20, le BRICS ou l'Union européenne sur les initiatives importantes telles que les accords de partenariat économique (APE).

En outre, les CER sont confrontées à l'insuffisance des capacités des ressources humaines (qui entrave la conception des politiques, la mise en œuvre, le suivi et l'évaluation de leurs projets et programmes), l'insuffisance des effectifs pour l'analyse et la planification stratégique, l'inadéquation du personnel et des charges de travail ainsi que l'autonomie limitée des secrétariats et les bases de données et infrastructures des TIC sous-développées.

Établir des institutions qui soient importantes pour l'intégration régionale en Afrique est plus facile à dire qu'à faire. Construire ou renforcer ces institutions pourrait bénéficier de l'expérience et des meilleures pratiques en vigueur ailleurs. Pour ce faire, cependant, il faudra une conception institutionnelle expérimentale qui reconnaisse les circonstances sociopolitiques et économiques existantes. Parce que beaucoup d'institutions d'intégration régionale de l'Afrique sont fermement établies, nous devons trouver les moyens de les réformer ou de les renforcer et de créer une architecture institutionnelle capable de répondre aux nouveaux défis de l'intégration régionale.

Il est important d'identifier les institutions globales dont le rôle dans l'intégration africaine est essentiel. Mais il est également important d’en créer s’il n’en existe pas et même de les renforcer et de les rationaliser. De même, l'Union africaine et les CER ont besoin d'avoir des commissions et des secrétariats plus efficaces et plus autonomes.

Tout en reconnaissant le principe de subsidiarité, il est important de renforcer l'UA, sa Commission et ses organes et les CER afin qu'ils puissent jouer leur rôle plus efficacement. Il est tout aussi important de renforcer les autres institutions panafricaines essentielles existantes telles que l'ACBF, la BAD et la CEA afin qu'elles puissent appuyer plus efficacement le processus d'intégration en reconnaissant le principe de l'avantage comparatif. Néanmoins, il est nécessaire d'établir de nouvelles institutions qui jouent un rôle important en facilitant les institutions d'intégration régionale. Celles-ci comprennent la Banque centrale africaine, le Fonds monétaire africain et la Banque africaine d'investissement.

Les initiatives sous-régionales qui ont bien fonctionné dans certaines parties de l'Afrique doivent être reproduites ailleurs. Par exemple, la libre circulation des personnes et des biens et le passeport commun de la CEDEAO et l'Union douanière de la Communauté d'Afrique de l’Est (CAE). En outre, l'accord tripartite impliquant le COMESA, la CAE et la SADC peut inspirer un arrangement similaire entre la CEEAC et la CEDEAO, ce qui créerait un grand espace économique en Afrique de l’Ouest et centrale. 

Renforcer les capacités institutionnelles exigera une approche à long terme, une approche intégrée et holistique, axée sur la demande, axée sur les ressources administratives et financières suffisantes et le réseautage régulier entre les CER.

Les organisations panafricaines clés telles que l'ACBF, la BAD et la CEA ont un rôle crucial à jouer pour appuyer la création et le renforcement des institutions d'intégration régionale en Afrique. L'intégration régionale a été une préoccupation prioritaire pour l'ACBF qui a, depuis sa création en 1991, œuvré soit pour construire des institutions, soit renforcer les capacités des institutions existantes pour l'intégration régionale. Certaines des interventions régionales de l'ACBF sont:

  • La production et le partage de connaissances à travers la production et la diffusion de produits et services de connaissances sur les questions liées à l'intégration régionale. Un exemple clé est l'Enquête sur les besoins en capacités des communautés économiques régionales de l'Afrique publiée en 2008 et la mise à jour continue du rapport ainsi que le RICA 2014 qui met l'accent sur les «impératifs de capacités d'intégration régionale en Afrique. »
  • L'investissement financier dans le renforcement des capacités grâce à un appui au niveau continental pour l'Union africaine (UA) et au niveau sous-régional pour les CER, telles que la CEMAC, le COMESA, la CAE, la CEEAC, la CEDEAO, la SADC et l'UEMOA.
  • Mise en place de programmes régionaux de formation en Afrique anglophone et francophone  par le biais de programmes tels que les Programmes de gestion de politique économique (EPM), le Programme de troisième cycle interuniversitaire en Economie (PTCI) et les Institutions africaines de sciences et technologie (AIST). 
Ken Ofori Atta

Le partenariat entre le Ghana et l'ACBF est une formidable bénédiction pour nous et l'occasion pour le Ghana d'accueillir la 26e Session du Conseil des Gouverneurs de l'ACBF est donc une chose qui nous tient à cœur.


Honorable Ken Ofori Atta, Ministre des Finances du Ghana et actuel Président du Conseil des Gouverneurs de l'ACBF
Goodall Gondwe

L'Afrique a autant besoin de l'ACBF maintenant qu'au moment de sa création en 1991, et probablement plus.


Honorable Goodall Gondwe, ancien Président du Conseil des Gouverneurs de l'ACBF et Ministre des Finances du Malawi
Lamin Momodou

À notre avis, les réalisations remarquables de l'ACBF au cours des 26 dernières années ne sont pas fortuites. Elles sont le fruit d’un travail acharné, du dévouement, de l’engagement, d’un leadership déterminé, de l’appui des pays membres et d’un partenariat productif.


M. Lamin Momodou MANNEH, Directeur du Centre de service régional du PNUD pour l'Afrique
Erastus Mwencha

La reconnaissance de l'ACBF comme Agence spécialisée de l'Union africaine pour le renforcement des capacités inaugure une nouvelle ère de renforcement des capacités par l'ACBF qui nécessitera un niveau d'engagement politique et un soutien financier appropriés de la part de toutes les parties prenantes.


S.E. Erastus Mwencha, Président du Conseil d’administration de l'ACBF
Thomas Kwesi Quartey

L'ACBF a reçu le statut d'agence spécialisée en raison de son potentiel de transformation de l'Afrique par le renforcement des capacités.


S.E. Thomas Kwesi Quartey, vice-président de la Commission de l'UA
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