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Table Ronde Ministérielle de la CUA et de l’ACBF

Addis Ababa
04 avr, 2016

Allocution prononcée par le Professeur Emmanuel Nnadozie lors de l’ouverture de la Table ronde ministérielle CUA-ACBF, tenue au Centre de conférences de la CEA à Addis-Abéba le dimanche 3 avril 2016. Le thème de l'événement était « Faire face aux conséquences de la sécheresse, des inondations et de la chute des cours des matières premières en Afrique: Quelles stratégies et capacités d'adaptation sont nécessaires? »

Permettez-moi d'abord d'exprimer le plaisir qu’éprouve la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique à coorganiser cette importante table ronde interministérielle avec la Commission de l'Union africaine (CUA) aujourd'hui. L'importance de ce forum ne saurait être exagérée.

La façon dont l'Afrique est perçue a considérablement changé au cours des 20 dernières années. Il n'y a pas longtemps, des termes tels que « l'Afrique montante », « le continent de l’espoir », « la région à la deuxième plus rapide croissance », etc. ont été utilisés pour décrire la performance de la croissance économique réalisée par le continent.

Cependant, la croissance économique en Afrique a ralenti récemment avec en outre les dernières prévisions présentant un tableau sombre si rien n’est fait pour remédier à la situation.

La performance relativement faible de la croissance économique est en partie expliquée par l'environnement extérieur qui est en train devient de moins en moins favorable. Par exemple, le plus grand partenaire du commerce bilatéral Chine-Afrique, connaît un ralentissement. En outre, la chute des prix des matières premières, une importante source de revenus pour les pays africains, aggrave la situation. L'indice des prix des matières premières a diminué, passant de 210,09 en avril 2011 à 90,73 en décembre 2015, ce qui implique que davantage de marchandises doivent être produites pour le même montant de recettes.

En outre, d'autres facteurs externes tels que les graves inondations et sécheresses subies par les pays africains ont également contribué à la performance économique relativement faible et ont exercé des pressions importantes sur les dépenses publiques.

Mais en interne, le défi majeur a été le manque de capacités à anticiper, prévenir et atténuer de tels défis.

Madame la Présidente, honorables ministres et distingués participants,

La plupart des économies africaines sont encore fortement tributaires des exportations des matières premières et sont donc vulnérables aux changements soudains des prix de ces matières. Pour votre appréciation, en 2012 et 2013, sur 94 pays en développement tributaires de ces produits, 45 se trouvaient en Afrique. Les matières premières dominent essentiellement les exportations africaines: pour 28 sur 38 des pays africains ayant des données récentes, les matières premières représentent plus de 60 pour cent des marchandises d’exportation.

Madame la Présidente,

Lorsque vous placez les sécheresses et les inondations dans l'équation, la situation se détériore en particulier à cause de la nature agraire de la plupart de nos économies. Comme vous le comprendrez, les sécheresses, les inondations, l'insécurité alimentaire et la croissance économique sont interconnectés. Sécheresses, inondations et autres risques ont des impacts négatifs sur l'agriculture, la disponibilité alimentaire, les infrastructures, les biens et les capacités de production.

Les recherches montrent que l'Afrique est considérée comme vulnérable à la dégradation des terres et qu’elle subit le plus grand impact de sécheresse et d’inondations. Deux tiers de l'Afrique sont classées comme déserts ou terres arides et pourtant elle a le moins de capacités à faire face à ces défis.

Madame la Présidente, honorables ministres et distingués participants,

La chute des prix des matières premières affecte généralement le rythme de croissance du revenu des ménages, les bénéfices des sociétés et les revenus du gouvernement. Pour le cas des pays africains, la croissance économique a ralenti, passant de 5,7 pour cent en 2002 à 4,6 pour cent en 2015, et les revenus des pays exportateurs de pétrole en particulier ont été en diminution. Les revenus des pays exportateurs de pétrole (en pourcentage du PIB) ont été négatifs depuis 2014.

Au cours de la période 1990-2014, les sécheresses qui ont eu lieu en Afrique ont touché plus de 261 millions de personnes et causé environ 2,3 milliards $ de dommage en moyenne par pays touché. Au cours de la même période, l’on estime que les inondations ont causé un préjudice total évalué à 5,8 milliards $, ont affecté 55,2 millions de personnes et ont causé 18 000 morts.

Malgré les effets négatifs de la baisse des prix des matières premières, et l'apparition de sécheresses et d'inondations dans la plupart des régions d'Afrique, dans certains pays, des mesures ont été prises avec succès pour faire face aux problèmes. Cela signifie qu’avec les politiques adéquates et les capacités nécessaires, il est possible de relever les défis. Ce forum est donc essentiel pour partager les bonnes pratiques des mesures appropriées ou inappropriées pour relever ces défis.

Les économies africaines, en particulier celles qui demeurent fortement tributaires des matières premières et sont sujettes aux inondations/sécheresses, doivent être renforcés dans leurs capacités pour entreprendre une gamme de mesures afin d’éviter et/ou d’atténuer l'impact de la baisse des prix des matières premières, et des graves sécheresses/inondations sur leur économies.

Madame la Présidente, honorables ministres et distingués participants,

Je tiens à préciser à cette éminente assemblée, que les capacités sont le chaînon manquant dans cette affaire.Capacités à concevoir, mettre en œuvre et faire le suivi des mesures et réformes dans les domaines discutés. Le Rapport 2015 sur les capacités en Afrique, la publication phare de l'ACBF, souligne que les capacités, dans leurs différentes dimensions, sont encore un problème pour le continent. Le rapport montre que la majorité des pays africains ont des capacités moyennes (73,3) avec seulement

17,8 pour cent dans la fourchette supérieure, tandis que 8,9 pour cent sont dans la fourchette inférieure. Ceci concerne la conception et la mise en œuvre des politiques.

Dans ce domaine particulier, les impératifs de capacité tournent principalement autour de la prédiction et l'analyse de l’approche des risques/catastrophes, le développement et la mise en œuvre des réponses d'adaptation et d'atténuation, ainsi que le suivi et l'évaluation des différents programmes et initiatives.

Parlant des capacités, à court terme, les actions devraient être orientées vers:

  • Le renforcement des capacités ciblant l'élargissement de l'assiette fiscale nationale pour financer l'investissement et répondre aux besoins sociaux en dehors des produits du commerce des matières premières
  • Attirer des capitaux étrangers pour le renforcement des capacités et de l'infrastructure de production des pays
  • Renforcer les capacités des systèmes d'alerte précoce, évaluer les dégâts et mener des évaluations des besoins en capacités.

À moyen et à long termes, les capacités sera nécessaires pour:

  • Mettre en œuvre des politiques structurelles visant à améliorer la productivité et la promotion de la diversification économique
  • Renforcer les capacités humaines locales et les capacités institutionnelles pour la détection des catastrophes et l'évaluation des dégâts
  • Promouvoir une collaboration efficace entre le secteur privé, le secteur public et la société civile
  • Lutter contre les goulets d'étranglement
  • Intégrer la gestion des risques d’inondation/sécheresse dans le programme développement national, régional et/ou continental (Agenda 2063)
  • Une base de données complète et unique sur les initiatives et les données sur les questions liées au prix des marchandises, aux sécheresses et aux inondations ainsi qu’apprécier «ce qui a fonctionné, ce qui n'a pas fonctionné et pourquoi. »

Madame la Présidente, honorables ministres et distingués participants,

Permettez-moi de répéter, que le problème de fond est que les capacités demeurent le chaînon manquant pour relever les défis qui assaillent la plupart des pays africains dans les domaines en discussion.

Avec l’appui des institutions qui coordonnent le renforcement des capacités sur le continent, telles que l'ACBF, les principaux intervenants tels que l'Union africaine et d'autres leaders d'opinion devront adopter un principe fort qui veille à ce que les questions liées aux prix des matières premières, aux sécheresses et aux inondations soient bien coordonnées et domestiquées dans l’exécution du premier plan décennal de mise en œuvre de l'Agenda 2063 et de l'Agenda 2030 (ODD).

Encore une fois, l’ACBF est prête à collaborer avec la CUA et d'autres intervenants pour aider les pays à renforcer ces capacités. Plus important encore, l'expérience de nos 25 ans sur le continent démontre que nous ne devrions pas seulement renforcer ces capacités mais aussi élaborer les stratégies de rétention, d'harmonisation et d'utilisation de ces capacités sur le continent. Ceci est possible et est un impératif  pour le continent. Tout ce que nous devons offrir à cet égard, c’est l'engagement politique et l’appui financier.

Merci de votre attention.

Ken Ofori Atta

Le partenariat entre le Ghana et l'ACBF est une formidable bénédiction pour nous et l'occasion pour le Ghana d'accueillir la 26e Session du Conseil des Gouverneurs de l'ACBF est donc une chose qui nous tient à cœur.


Honorable Ken Ofori Atta, Ministre des Finances du Ghana et actuel Président du Conseil des Gouverneurs de l'ACBF
Goodall Gondwe

L'Afrique a autant besoin de l'ACBF maintenant qu'au moment de sa création en 1991, et probablement plus.


Honorable Goodall Gondwe, ancien Président du Conseil des Gouverneurs de l'ACBF et Ministre des Finances du Malawi
Lamin Momodou

À notre avis, les réalisations remarquables de l'ACBF au cours des 26 dernières années ne sont pas fortuites. Elles sont le fruit d’un travail acharné, du dévouement, de l’engagement, d’un leadership déterminé, de l’appui des pays membres et d’un partenariat productif.


M. Lamin Momodou MANNEH, Directeur du Centre de service régional du PNUD pour l'Afrique
Erastus Mwencha

La reconnaissance de l'ACBF comme Agence spécialisée de l'Union africaine pour le renforcement des capacités inaugure une nouvelle ère de renforcement des capacités par l'ACBF qui nécessitera un niveau d'engagement politique et un soutien financier appropriés de la part de toutes les parties prenantes.


S.E. Erastus Mwencha, Président du Conseil d’administration de l'ACBF
Thomas Kwesi Quartey

L'ACBF a reçu le statut d'agence spécialisée en raison de son potentiel de transformation de l'Afrique par le renforcement des capacités.


S.E. Thomas Kwesi Quartey, vice-président de la Commission de l'UA
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