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Le renforcement des capacités et la transformation économique de l’Afrique: Rôle de l’ACBF

Addis Ababa
25 oct, 2016

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi de dire que les praticiens du développement reconnaissent que les capacités sous-tendent le succès ou l'échec de la transformation économique. Sans capacités, les pays seront incapables de concevoir, mettre en œuvre et assurer le suivi des politiques. À cet égard, je vais tenter d'aborder les quatre (4) questions suivantes pour mettre en évidence le rôle du renforcement des capacités dans la transformation économique de l’Afrique :

1. Quels sont les défis de capacité que l'Afrique a rencontré durant les 25 dernières années ?

2. Comment l’ACBF y a répondu et qu’est-ce que la Fondation a accompli ?

3. Si l'on regarde les prochains cinq ou dix ans, quelles sont les défis de capacités auxquels l'Afrique sera encore confrontée ?

4. Qu'est-ce que ACBF compte faire et qu’est-ce qu'elle souhaite achever ?

1. Concernant la première question sur les défis de capacité rencontrés par l'Afrique durant les 25 dernières années, je tiens à mettre l'accent sur deux défis importants qui ont influé sur le développement du continent.

a) Un défi majeur des capacités que rencontre l'Afrique demeure les capacités d’élaboration et de mise en œuvre des politiques socio-économiques solides en vue d’une croissance durable et inclusive et en vue de l'éradication de la pauvreté.

La performance économique de l'Afrique a fluctué sur trois facteurs clés, à savoir, les contraintes de capacités environnantes, la structure des économies et les tendances économiques mondiales. Bien que l'Afrique ait réalisé une croissance économique appréciable dans la première décennie des indépendances, une croissance du PIB par habitant de 2,6% par an de 1965 à 1974, il y a eu une tendance à la baisse depuis lors. Il y a eu une légère reprise dans la seconde moitié des années 1990, mais pas au point de se traduire en des augmentations significatives des revenus ou par une réduction de la pauvreté par habitant. Depuis 2000, l’Afrique a émergé comme la région à la plus forte croissance dans le monde, avec un taux de croissance économique annuel moyen de 5%. Cette forte croissance a vu un certain nombre de pays africains avoir une croissance supérieure à 7%. Mais ces taux de croissance élevés n’ont pas été accompagnés d'un développement significatif, car le continent est resté très dépendant aux matières premières, qui sont sujettes à des chocs externes, des niveaux élevés de chômage, surtout chez les jeunes, des niveaux élevés d'inégalité et de pauvreté, le faible développement des infrastructures et une base industrielle très faible.

L’Afrique représente aujourd'hui moins de 2% du PIB mondial, et l'Afrique subsaharienne à peine 1%. La part de l'Afrique dans le PIB mondial a montré une baisse depuis 1990. Le continent a en son sein la plupart des pays les plus pauvres tels que mesurés par l'indice de développement humain. Les indices du bien-être humain confirment la prévalence de la malnutrition, le manque d'accès aux services de soins de santé et la réduction drastique de l'espérance de vie. Le Rapport 2015 sur le développement humain a indiqué que trente-six (36) sur quarante-quatre des 44 pays classés dans la catégorie la plus faible de l'indice de développement humain se trouvent en Afrique.

Malgré de bons progrès depuis le début du siècle, les efforts de développement de l'Afrique sont entravés par de graves déficits de capacité dans la mise en œuvre des politiques et des stratégies de développement pour propulser la croissance durable et inclusive nécessaire au développement humain et à la lutte contre la pauvreté sur le continent.

Les traiter exigera des efforts considérables dans le développement du leadership et des compétences essentielles, le changement des mentalités, et l’établissement ou le renforcement des institutions clés. Cette conclusion me donne l'occasion de discuter du deuxième défi majeur des capacités.

b) Le deuxième défi que je voudrais souligner concerne les capacités de renforcement de la bonne gouvernance.

La bonne gouvernance demeure un élément clé du développement. L’amélioration de la qualité de la gouvernance en Afrique est essentielle au progrès dans le 21e siècle. Cette amélioration doit toucher en particulier la participation de tous les intervenants du développement national, la transparence et la responsabilité dans l'allocation et l'utilisation des ressources publiques et la gestion des politiques publiques.

Elle doit également aborder la question du processus par lequel les gouvernements et les dirigeants sont choisis et remplacés, le respect des citoyens et de l'Etat pour les institutions qui régissent les interactions économiques et sociales. Pour renforcer la gouvernance en Afrique, le renforcement des capacités devra jouer un rôle plus important. Il aura besoin de professionnaliser la voix de la société civile, des médias et des institutions représentatives du secteur privé, autonomiser les femmes et les organisations de la société civile, renforcer la transparence et la reddition de comptes, remédier à l'instabilité politique et fournir des compétences pour la résolution et la gestion des conflits, améliorer l'efficacité et la réactivité du secteur public, ainsi que la prestation des services publics, réduire le fardeau de la réglementation, améliorer la transparence, l'efficience et l'efficacité du cadre réglementaire, encourager la participation de tous les intervenants dans le processus du développement, renforcer la primauté du droit, et résoudre efficacement la question de la corruption.

Au cours des 25 dernières années, certains progrès ont été constatés dans de nombreux pays dans le domaine de la gouvernance. Je me réfère à l’Indice Ibrahim 2016 de la gouvernance africaine (IIGA), de la Fondation Mo Ibrahim, qui a révélé une amélioration dans la gouvernance globale en Afrique au cours des dix dernières années, mais celle-ci a été freinée par une détérioration généralisée dans le domaine spécifique de la sécurité et de l’état de droit. Au cours de la dernière décennie, la gouvernance globale a été améliorée dans 37 pays. Cette tendance globale positive a été menée principalement grâce à l'amélioration du développement et de la participation humaine et des droits de l'homme.

2. Comment l’ACBF a réagi et qu’est-ce que la Fondation a accompli ?

Durant les 25 dernières années, l’ACBF a apporté une contribution importante au renforcement des capacités humaines, institutionnelles et « immatérielles » en investissant dans plus de 321 projets de renforcement des capacités et en engageant plus de 700 millions de dollars pour le renforcement des capacités en Afrique sub-saharienne à ce jour. La Fondation a appuyé le développement et la mise en œuvre des politiques et programmes qui ont stimulé le développement économique et la croissance dans de nombreux pays africains. Depuis sa création en 1991, l'ACBF a appuyé la formation de plus de 50.000 macroéconomistes, experts bancaires et de gestion financière, administrateurs publics et ingénieurs qui occupent maintenant des postes de décision et qui contribuent positivement au développement dans leurs pays respectifs.

Cela a été en reconnaissance de la nécessité de construire une solide base de compétences qui puisse préparer le terrain du développement. En outre, et surtout, la Fondation a appuyé un certain nombre d'interventions de renforcement des capacités qui ont contribué à l'amélioration de la stabilité macroéconomique et à une gestion financière prudente. La Fondation a appuyé les gouvernements dans les domaines de l'analyse des politiques macroéconomiques et de la gestion de la dette. Environ 9% du portefeuille de financement de l'ACBF ont été utilisés pour renforcer les capacités des parlements nationaux. Les institutions appuyées par l'ACBF ont mené des programmes de formation intensive pour les parlements nationaux en appui à leurs activités législatives, ainsi que leur contrôle de l'exécutif. Cela a aidé les pays à attirer des investissements de transformation financés soit par le biais d'investissements directs étrangers ou par la mobilisation des ressources.

Cet appui a ouvert la voie à la transformation de l'Afrique et la Fondation continue d’appuyer ces initiatives afin de veiller à ce que l'Afrique ait les capacités nécessaires pour mettre en œuvre son programme de transformation.

L’ACBF est reconnue en Afrique pour avoir créé ou renforcé 35 think tanks et instituts d’analyse des politiques économiques en Afrique et pour les avoir établies comme institutions durables. Les think tanks appuyés par l’ACBF sont devenus les principaux moteurs des discours et débats sur les politiques, ainsi que des canaux ou des sources fiables d'appui technique et consultatif pour les intervenants le long de la chaîne de valeur des politiques. L’ACBF coordonne plus de vingt (20) interventions dans le domaine de l’appui à la société civile et au secteur privé, et inclut le lobbying et le plaidoyer dans la création et la mise en œuvre des politiques.

3. Quelles sont les capacités défis auxquels l'Afrique sera toujours face dans les cinq à dix prochaines années ?

Les défis de capacité pour les années à venir doivent être examinés dans le contexte des priorités actuelles de développement du continent, des régions et des pays telles qu'elles sont énoncées dans le Plan décennal de mise en œuvre de l'Agenda 2063.

Au niveau continental, les défis de capacité se traduisent par la difficulté pour la Commission de l'Union africaine et ses organes de coordonner efficacement le programme de développement du continent, collaborer efficacement avec les acteurs internes et externes, et mobiliser des ressources pour sa mise en œuvre. Au niveau régional, les CER ne peut pas jouer leur rôle en tant qu’éléments constitutifs de l'architecture de développement du continent. Au niveau national, les principaux défis de capacités incluent la possibilité d'aligner les plans nationaux de développement aux programmes continentaux et mondiaux tout en mettant en œuvre les politiques et activités prévues.

D'autres défis auxquels fait face le continent, outre le renforcement des capacités là où elles n'existent pas, sont la conservation, l'harmonisation et l'utilisation des capacités existantes. L’œuvre de l'ACBF sur les « besoins en capacités pour l'Agenda 2063 » identifie quatre grandes catégories de déficits : les capacités opérationnelles des organisations, les capacités de changement et de transformation, les capacités composites ainsi que les compétences critiques, techniques et spécifiques aux secteurs.

De nombreux acteurs africains ont encore besoin de capacités humaines, institutionnelles et organisationnelles, de systèmes et de processus, et de l'accès à l'information et aux connaissances. Les capacités humaines couvrent les compétences « matérielles » et « immatérielles » pour la mise en œuvre des stratégies de développement à tous les niveaux techniques. En particulier, les compétences techniques matérielles ou spécialisées et les connaissances en la matière sont essentielles pour l'Afrique, et comprennent des compétences sectorielles dans des domaines tels que la santé, l'exploitation minière, les finances, les TIC, l'énergie, l'ingénierie, les infrastructures, la recherche, la gestion des ressources en eau, et la science, la technologie et l’innovation. L’étude de l'ACBF sur les impératifs de capacités pour la mise en œuvre du Plan décennal de l'Agenda 2063 a révélé que le continent a un déficit d’environ 4.309.065 ingénieurs et devrait chercher a en avoir 4.856.270 d’ici 2023. L'Afrique a également un déficit d'environ 9.090 spécialistes/ingénieurs des mines, et devrait chercher à en avoir 26.927 d'ici 2023. Ainsi les investissements délibérés dans les STEM sont inévitables.

Les capacités d'initier, de faciliter et de gérer le changement sont encore rares dans de nombreux pays et institutions africains. Elles incluent la possibilité de favoriser des approches « pilote du changement », montrant comment « arriver à destination » et « le réaliser ». Ces capacités comprennent le leadership transformatif (y compris le visionnement), la préparation au changement : créer et maintenir la volonté de changement, avoir les capacités de changer les mentalités.

Qu'est-ce que l’ACBF a l'intention de faire et ce qu'elle souhaite réaliser ?

Après avoir exposé les défis de capacités, l’ACBF identifie les exigences en Afrique pour la promotion de la préparation et du renforcement des capacités selon quatre dimensions qui constituent les piliers de sa nouvelle stratégie 2017-2021 : niveaux continental et régional, niveau national, acteurs non étatiques et production et partage des connaissances. Traiter de ces dimensions de façon transversale est la condition pour responsabiliser les jeunes et les femmes.

Mesdames et Messieurs,

En participant à ce programme de transformation, l'ACBF continuera à fournir un appui et à investir dans le renforcement des capacités humaines et institutionnelles en Afrique. Dans sa future stratégie 2017-2021, la Fondation mettra à profit l'expérience de ses 25 ans et appuiera la transformation du continent, en partenariat avec les institutions continentales et régionales telles que HESPI.

La Fondation considère les approches et gammes de services suivantes comme les plus pertinentes pour renforcer les capacités humaines et institutionnelles sur le continent :

• Les services du savoir,

• Les services de renforcement des capacités et de conseil

• L’innovation

• La gestion des fonds et l'investissement dans les capacités

• La mobilisation des ressources

Notre réunion d'aujourd'hui est une véritable démonstration de l'importance de l'investissement dans le renforcement des capacités. Les témoignages sur les grandes contributions que HESPI déploie sur le continent, en particulier dans les pays de la Corne de l'Afrique, démontrent les avantages des partenariats dans le renforcement des capacités en vue de la transformation de l'Afrique. L’ACBF a dans les dernières années fourni un appui institutionnel à cette organisation pour renforcer sa capacité afin qu’elle assume son mandat et nous avons vu de bons résultats.

Pour faire face efficacement aux défis de capacités, cependant, il est nécessaire de fournir un appui politique et financier à des institutions qui ont de l'expérience dans le renforcement des capacités ainsi qu’une compréhension solide de l'architecture de développement du continent afin de coordonner efficacement les efforts de renforcement des capacités pour le développement durable et inclusif de l'Afrique.

L’ACBF, naturellement, joue ce rôle et a plus de 25 ans d'expérience exclusivement consacrée au renforcement des capacités en Afrique. Il est donc nécessaire que HESPI et toutes les autres institutions ici représentées continuent à plaider pour un appui aux institutions qui coordonnent les capacités sur le continent. Permettez-moi de m’arrêter ici.

Je vous remercie de votre attention.

Ken Ofori Atta

Le partenariat entre le Ghana et l'ACBF est une formidable bénédiction pour nous et l'occasion pour le Ghana d'accueillir la 26e Session du Conseil des Gouverneurs de l'ACBF est donc une chose qui nous tient à cœur.


Honorable Ken Ofori Atta, Ministre des Finances du Ghana et actuel Président du Conseil des Gouverneurs de l'ACBF
Goodall Gondwe

L'Afrique a autant besoin de l'ACBF maintenant qu'au moment de sa création en 1991, et probablement plus.


Honorable Goodall Gondwe, ancien Président du Conseil des Gouverneurs de l'ACBF et Ministre des Finances du Malawi
Lamin Momodou

À notre avis, les réalisations remarquables de l'ACBF au cours des 26 dernières années ne sont pas fortuites. Elles sont le fruit d’un travail acharné, du dévouement, de l’engagement, d’un leadership déterminé, de l’appui des pays membres et d’un partenariat productif.


M. Lamin Momodou MANNEH, Directeur du Centre de service régional du PNUD pour l'Afrique
Erastus Mwencha

La reconnaissance de l'ACBF comme Agence spécialisée de l'Union africaine pour le renforcement des capacités inaugure une nouvelle ère de renforcement des capacités par l'ACBF qui nécessitera un niveau d'engagement politique et un soutien financier appropriés de la part de toutes les parties prenantes.


S.E. Erastus Mwencha, Président du Conseil d’administration de l'ACBF
Thomas Kwesi Quartey

L'ACBF a reçu le statut d'agence spécialisée en raison de son potentiel de transformation de l'Afrique par le renforcement des capacités.


S.E. Thomas Kwesi Quartey, vice-président de la Commission de l'UA
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