Le sommet annuel de 2014 du groupe des 20 économies développées et émergentes est prévu les 15 et 16 novembre dans la ville australienne de Brisbane. Comme à l’accoutumée, les dirigeants des pays du G20 discuteront des enjeux qui auront des ramifications non seulement pour leurs économies respectives mais également pour le reste du monde, y compris pour les pays non représentés. Cette année, l’organisation entend discuter du défi de la croissance mondiale de manière ambitieuse et significative en se focalisant, entre autres, sur les moyens à consacrer au développement afin que les pays en développement puissent attirer des investissements pour les infrastructures, renforcer leur assiette fiscale et améliorer l’accès de leurs populations aux services financiers. Mais ce que l’Afrique en tirera est une autre affaire.
Tout d’abord, le continent y est sous représenté. L’Afrique du Sud est le seul membre du continent, ce qui signifie que les points de vue de ce dernier ne sont pas suffisamment débattus. Il y a aussi que les représentants de l’Union africaine et de l’Agence de planification et de coordination du NEPAD, généralement invités en tant qu’observateurs, changent d’une année à l’autre, ce qui rend difficile la continuité et une représentation efficace. La sous représentation de l’Afrique est davantage marquée par le fait que l’Association des banques centrales africaines, contrairement à leurs pairs des autres régions, n’est pas membre du Conseil de stabilité financière, un autre organe composé des ministres des finances et des banquiers centraux des pays membres. Le conseil se réunit régulièrement en vue de prendre des décisions cruciales affectant l’économie mondiale.
Par conséquent la participation de l’Afrique à ces rencontres souffre souvent de l’incertitude et de l’incohérence de ses contributions. Il n’est donc pas étonnant que les priorités du continent ne soient pas totalement intégrées dans le programme du G20. Toutefois, l’Afrique ne peut plus rester en marge des rencontres où les dirigeants du monde prennent des décisions sur l’économie mondiale. Le continent se doit d’amener l’organisation à prendre en compte ses préoccupations majeures, notamment le renforcement de sa capacité productive, l’accroissement de sa productivité, les facteurs de valorisation et l’industrialisation accélérée.
Il serait juste d’admettre le lancement par le G20 d’un programme d’action directe visant à traiter de la question de l’absence d’une représentation significative de l’Afrique à ses réunions. Mais si le regroupement veut réellement valoriser les aspirations de développement du continent, il pourrait commencer par accompagner ses efforts de promotion de la transformation économique à travers l’industrialisation, la croissance économique et la création d’emplois. Il doit également accorder de l’attention au développement des infrastructures sur le continent et aider à stimuler le commerce intra-africain, lequel se situe encore à un niveau faible. En somme, le continent fera bien de collaborer avec l’instance mondiale en rendant sa croissance plus résiliente aux chocs extérieurs et créer des emplois afin de développer les secteurs dotés d’effets multiplicateurs importants tels que les secteurs manufacturiers et agricoles.
Cependant, à moins d’accroître le nombre de membres africains du forum, à côté de l’Afrique du Sud, l’impact souhaité pourrait ne pas être réalisé. À titre d’exemple, il faut souligner avec force que le Nigéria mérite également une place en raison de son statut actuel d’économie la plus forte d’Afrique. Le pays est non seulement classé 26e économie la plus importante du monde estimée à 510 milliards de dollars, mais il est également le pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 170 millions d’habitants. Il est évident que tous ces facteurs font de lui un marché trop important pour être ignoré. Afin de plaider davantage sa cause, l’Afrique doit également déployer des ressources de qualité afin de gérer ses relations avec le G20 et avoir une idée claire des besoins dans le cadre de la politique d’ensemble et la planification, base essentielle d’un dialogue significatif entre égaux. Les gouvernements – collectivement et individuellement – doivent corriger les déficits de capacités qui entravent les relations du continent avec ses partenaires.
Pour sa part, le G20 doit considérer le développement de l’Afrique comme une partie de la solution des défis économiques mondiaux et non comme quelque chose à traiter séparément. Il doit être conscient que l’économie de l’Afrique devrait bénéficier d’une meilleure économie mondiale. Il devrait accorder une attention aux priorités de développement du continent y compris le développement des infrastructures, essentielles à la transformation structurelle. Le G20 peut accroître les investissements dans les infrastructures en rendant peu onéreux les financements disponibles.
Concernant la Fondation pour le renforcement des capacités qui a pour mandat de renforcer les capacités humaines et institutionnelles sur le continent, elle continuera à accompagner celui-ci dans le renforcement de l’expertise requise en vue de dialoguer avec le G20. Elle aidera le continent à mieux comprendre les enjeux relatifs à l’analyse et la recherche en politiques sur les préoccupations majeures et à constituer les capacités de coordination des organisations régionales et sous-régionales du continent. Qui plus est, la Fondation s’efforcera d’améliorer la capacité de négociation des pays africains pour plus d’efficacité dans les processus du G20, en renforçant les capacités d’analyse pour surveiller les flux financiers et commerciaux ainsi que les capacités de suivre la mise en œuvre et l’impact des programmes et projets du groupe.