L'Afrique s'est fixé pour objectif d'être un continent intégré, pacifique et prospère d'ici à 2063. Le commerce intra-africain peut jouer un rôle crucial dans la réalisation de ce programme continental. Cependant, les preuves montrent que le commerce intra-africain demeure faible, le rapport 2017 sur les Perspectives économiques en Afrique montrant une légère reprise des échanges entre les pays africains de 10% en 1995 à environ 18% en 2015. Cela reste bien inférieur au potentiel par rapport à d'autres régions du monde telles que la Zone de libre-échange de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (24,2% en 2013) et l’UE (63% en 2015). Afin de stimuler le commerce intra-africain, la 18e session ordinaire de l'Assemblée des chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine, tenue du 29 au 30 janvier 2012 avait décidé de créer une zone de libre-échange continentale (ZLEC), un marché continental unique. La création d'un marché continental unique pour les biens et services, avec la libre circulation des hommes et des investissements d'affaires accélérerait non seulement la mise en place de l'Union douanière continentale et de l'union douanière africaine, mais garantirait également la compétitivité de l'Afrique dans l'économie mondiale. Les économies africaines peuvent être transformées grâce à la ZLEC, ce qui constitue une base meilleure et plus solide pour une croissance soutenue, la création d'emplois et la réduction de la pauvreté sur le continent, ce qui est conforme à l'Agenda 2063 de l'Afrique.
Avec la signature de la ZLEC prévue pour la fin mars 2018, la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF) est préoccupée par le fait que l'accord connaîtra le sort de plusieurs autres qui n'ont pas été mis en œuvre efficacement, si les capacités de mise en œuvre ne sont pas abordées. L'ACBF a, à ce jour, canalisé les efforts et mené des enquêtes régulières sur les besoins en capacités des communautés économiques régionales (CER) africaines dans lesquelles la mise en œuvre de la ZLEC devra être enracinée. L'enquête 2016 de l'ACBF sur les besoins en capacités des CER africaines a révélé la nécessité de capacités critiques pour soutenir la bonne gouvernance, les droits de l'homme, la stabilité politique, la paix et la sécurité en Afrique, les capacités critiques pour une analyse et une gestion efficaces des politiques socio-économiques, le renforcement et l’utilisation pleine des capacités humaines ainsi que les capacités critiques pour les statistiques et le suivi et l'évaluation. L'enquête a également souligné la nécessité de renforcer les capacités entrepreneuriales pour la gestion des secteurs public et privé, renforcer et utiliser les capacités d'infrastructure physique, les capacités d'exploitation et de valorisation des ressources naturelles et de diversification des économies africaines vers la transformation et la fabrication; renforcer les capacités d’appui de la sécurité alimentaire et de l'autosuffisance ainsi que des capacités critiques pour la mobilisation et l'allocation efficace des ressources financières intérieures et extérieures. Ainsi, alors que le renforcement des capacités est reconnu comme essentiel au succès des CER, il a reçu peu d'attention. Le renforcement des capacités critiques (financières, humaines, institutionnelles et de connaissances), et les faire travailler pleinement et efficacement, est essentiel pour atteindre effectivement les objectifs des stratégies, programmes et plans d'action convenus aux niveaux régional et continental.
Reconnaissant l'importance de remédier au manque de capacités institutionnelles et humaines dans les domaines des négociations commerciales, de la formulation des politiques commerciales, des questions de politique d'union douanière et du secteur privé ainsi que de la participation de la société civile aux questions de politique commerciale et d'intégration régionale, l'ACBF a apporté son appui à plusieurs CER pour renforcer leurs capacités institutionnelles de coordination de recherche, d’analyse des politiques et de formulation et de mise en œuvre des politiques qui sont essentielles au processus d'intégration. Au fil des ans, l'ACBF s'est efforcée d’appuyer les organismes continentaux et les CER, de les renforcer et de s'assurer qu'ils aient les capacités requises pour s'acquitter efficacement de leur mandat, dans le cadre de la facilitation de l'intégration régionale en Afrique.
À ce jour, l'ACBF a investi près de 30 millions de dollars dans des initiatives de renforcement des capacités de la CUA et des CER africaines, ce qui a largement contribué à renforcer les capacités de ces institutions à mieux prester. En outre, l'ACBF a également produit des produits de connaissances stratégiques clés (http://elibrary.acbfpact.org/ )pour équiper l'Union africaine (UA), les CER et toutes les parties prenantes impliquées dans le processus d'intégration, ainsi que pour soutenir leurs efforts de renforcement des capacités.
Le renforcement des capacités de la ZLEC doit être vu dans ses dimensions humaines, institutionnelles et infrastructurelles interdépendantes et imbriquées aux niveaux national, régional et continental.
Des mesures doivent être prises simultanément dans chacun de ces trois domaines, reflétant les interdépendances et les interconnexions entre les questions et priorités essentielles de développement auxquelles l'Afrique est confrontée. L'ACBF l'a fait aux niveaux national et régional et possède l'expertise requise.
Mon appel à l'Afrique et aux autres est d’apporter plus de soutien en vue d’intensifier les interventions que nous avons eues sur les CER pour la transition du continent vers une zone de libre-échange continentale, une Communauté économique africaine. Grâce à sa relation avec toutes les CER reconnues par l'UA, l'ACBF est très bien placée, voire mieux placée, pour aider et soutenir avec succès l'Union africaine dans l’accélération de la mise en œuvre de la ZLEC, en particulier quant aux capacités humaines et institutionnelles requises. Guidée par son plan stratégique 2017-2021, l'ACBF continuera à fournir des services de gestion des connaissances pour soutenir l'élaboration des politiques et le renforcement des capacités humaines et institutionnelles nécessaires à la réalisation de la ZLEC.
En tant qu'agence spécialisée de l'Union africaine pour le renforcement des capacités, l'ACBF appelle toutes les parties prenantes et tous les acteurs impliqués dans le processus de la ZLEC ainsi que tous ceux qui s'intéressent au développement de l'Afrique à conjuguer leurs efforts pour fournir des conseils/services opportuns en matière de développement et de capacités pour une mise en œuvre réussie de l'Accord. Mais ceci doit être fait de manière cohérente et coordonnée afin de minimiser la duplication inutile des efforts et de maximiser l'impact.