La Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF), l'agence spécialisée de l'Union africaine pour le renforcement des capacités, a convoqué une session de remue-méninges de haut niveau sur le thème Répondre à la crise du COVID-19 et aux défis de l’après-COVID-19. Cette session virtuelle a réuni de brillants esprits de gouvernements, du secteur privé, de la communauté du développement, de la société civile et des organisations partenaires afin de déterminer comment l'ACBF peut appuyer plus efficacement les efforts visant à relever le défi du COVID-19 en Afrique.
Le ministre des Finances du Ghana, l'Honorable Ken Ofori-Atta, qui est également le président du Conseil des gouverneurs de l'ACBF, a été assisté par son vice-président, l'Honorable Alamine Ousmane Mey, le ministre de l'Économie, de la Planification et du Développement régional du Cameroun, dans un panel de ministres qui a traité en détail des programmes prioritaires de renforcement des capacités pour les pays africains, dans l’après-COVID-19, avec un compte rendu détaillé des défis de capacités que les pays affrontent et de la manière dont l'ACBF peut mieux intervenir et apporter un appui. S.E. Adeyemi Dipeolu, le conseiller spécial pour les questions économiques au Cabinet du vice-président du Nigéria, a également contribué à cette discussion animée.
Les ministres étaient d’avis que même si la priorité dans leurs pays respectifs est de sauver des vies, soutenir l'économie afin de préserver les moyens de subsistance est également vital, et que l’équilibre entre les deux a été l'une des tâches les plus difficiles sur lesquelles les gouvernements travaillent. La particularité de la plupart des économies africaines est le rôle important que joue le secteur informel, ce qui a rendu les pays plus vulnérables en période de confinement avec le risque d’aboutir à l'une des pires crises économiques que le continent ait jamais connues. L’Organisation internationale du Travail (OIT) estime que la taille moyenne du secteur informel africain représente 41% du produit intérieur brut en Afrique subsaharienne. C'est aussi un énorme employeur. Il représente environ trois quarts de l'emploi non agricole et environ 72% de l'emploi total en Afrique subsaharienne. Avec les restrictions en place, de nombreux moyens de subsistance ont été affectés, car peu d'activités économiques importantes se sont déroulées. Cela s'ajoute aux menaces de nouveaux cas de chômage émanant des secteurs du tourisme et des services qui ont été les plus touchés par les mesures visant à réduire la propagation du COVID-19.
L’Honorable Alamine Ousmane Mey, a appelé l'ACBF à aider les gouvernements à renforcer la résilience des institutions africaines pour qu’elles gèrent mieux les effets du COVID-19 et de toute autre pandémie ou catastrophe d'une telle ampleur. Il a estimé que l'ACBF peut fournir aux gouvernements les connaissances nécessaires pour mieux comprendre et quantifier l'impact des mesures d'atténuation du COVID-19 telles que les confinements et comment les pays peuvent maintenir un équilibre entre sauver des vies et sauver des économies. Il a également souligné la nécessité de renforcer les capacités en compétences essentielles requises pour que les pays résistent aux effets de la pandémie et, plus important encore, pour transformer les économies africaines grâce à la diversification, après la pandémie du COVID-19.
S.E. Adeyemi Dipeolu a insisté sur la nécessité impérieuse pour les pays africains de s'appuyer sur l'agence spécialisée de l'Union africaine pour le renforcement des capacités, l'ACBF, en vue de renforcer le leadership grâce à la mise en place de structures appropriées de planification et de coordination, car cela est essentiel pour atténuer les impacts du COVID -19, et aussi pour la reprise dans l’après-COVID-19. Il a expliqué que depuis le début de l'épidémie du coronavirus en Afrique, les gouvernements ont mis en œuvre des interventions selon une approche fragmentaire car ils n'ont pas pris le temps de planifier systématiquement la manière d’affronter la pandémie. Dans la plupart des pays, aucune structure de direction solide n'a été mise en place pour lutter contre la pandémie et élaborer des stratégies sur la manière de relancer les économies dans l’après-COVID-19. Avec l’appui de l’ACBF, les gouvernements africains peuvent doter leurs dirigeants des compétences spécialisées pour gérer la pandémie. Un leadership transformateur à tous les niveaux est ce qu'il faudra pour assurer la cohérence des politiques et une approche holistique pour faire face aux effets du COVID-19, étant donné que la pandémie a touché tous les secteurs de l'économie.
Lorsqu'il exprimait sa gratitude à l'ACBF pour ses contributions apportées jusqu'à présent dans le renforcement des capacités des pays, l'Honorable Ofori-Atta a appelé les pays à soutenir l'ACBF pour mieux répondre aux besoins de capacités des pays en lui apportant l’appui financier nécessaire pour qu’elle fonctionne plus efficacement. En période de pandémie mondiale, les pays africains dépendent le plus de leurs institutions, car le monde entier est dans un tollé et est affecté par des ressources limitées dans la lutte contre cette pandémie. Le ministre a fourni une analyse de la situation des défis du Ghana face au COVID-19 et a également expliqué les efforts déployés par son gouvernement pour se remettre de la pandémie, entre autres l'Agenda 88 qui vise à construire 88 hôpitaux dans tous les districts du Ghana dans les deux prochaines années. Le ministre des Finances a également souligné la nécessité d'une coopération entre les pays africains pour l'achat de fournitures et de médicaments.
L’Honorable Alamine Ousmane Mey a en outre souligné la nécessité d'anticiper les réformes visant à préserver les économies africaines, affirmant que des ressources humaines qualifiées et des institutions solides sont ce qu'il faudra pour que l'Afrique réussisse, et que l'ACBF est l'institution adéquate pour fournir cet appui. « Par la solidarité et l'unité, l’Afrique peut rassembler des ressources pour lutter contre la pandémie du coronavirus », a poursuivi l’honorable ministre.
La séance de remue-méninges a conclu que la pandémie du COVID-19 a davantage amplifié les lacunes en matière de capacités en Afrique et constituait un dur appel au réveil pour que l'Afrique renforce ses capacités de planification et de coordination des politiques en vue d’une meilleure gestion des catastrophes et une plus grande résilience. La vulnérabilité du secteur de la santé et d'autres secteurs doit être traitée de manière systématique et cohérente. Le COVID-19 est plus qu'une maladie. Il s'agit plutôt d'une crise aux conséquences multidimensionnelles et multiniveaux, nécessitant des stratégies et des interventions de renforcement des capacités multiniveaux et multidimensionnelles. L'ACBF devra aider les pays et les parties prenantes à renforcer leurs capacités humaines et institutionnelles.