« La Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF) veut utiliser son expertise dans le renforcement des capacités pour appuyer les efforts des pays africains d’endiguement des flux financiers illicites, qui privent le continent de revenus annuels de l’ordre de 50 milliards US$ », a déclaré ce lundi le secrétaire exécutif de l’ACBF, le professeur Emmanuel Nnadozie, lors du premier atelier sous-régional sur la maîtrise des flux financiers illicites (FFI) de l'Afrique, organisé en partenariat avec la Commission économique pour l'Afrique (CEA) les 14 et 15 Septembre 2015 à Nairobi, au Kenya.
Lors d'une présentation dans cet atelier, le professeur Nnadozie a déclaré que l'ACBF avait déjà commencé à jouer un rôle essentiel dans la coordination et le renforcement des capacités des pays dans leurs efforts visant à endiguer les FFI avec la parution du prochain Rapport 2015 sur les indicateurs de capacités en Afrique (RICA), la publication phare de la Fondation, qui porte sur les impératifs de capacités de mobilisation des ressources intérieures.
Les recommandations du RICA 2015 visent à aider les pays africains à développer les capacités de dissuader, suivre, arrêter et récupérer les sorties de fonds qui quittent le continent de manière illicite chaque année. « Les pays africains doivent bâtir ou renforcer leurs capacités à traiter les moteurs et les facilitateurs de FFI et mettre en œuvre les recommandations du rapport du Panel de haut niveau », a-t-il dit. « Ce qui est nécessaire, c’est le renforcement des capacités de la société, des institutions, des règlements et des individus. »
Sur le front social, les pays africains sont invités à renforcer l'engagement politique et les capacités de leadership, à mener campagne sur l'importance de payer les impôts et sur l'impact des FFI, à combattre la corruption et aborder la problématique des mentalités. À cet égard, l'ACBF peut aider à concevoir de nouveaux programmes de développement du leadership ou appuyer ceux qui existent, à élaborer et réviser les programmes d'éducation en matière de fiscalité et de prévention de la corruption dans le cadre de l'éducation civique, des normes et des valeurs. La Fondation peut également mener des recherches, des études et des ateliers de diffusion sur les questions liées aux FFI, organiser des forums et des réunions de sensibilisation de haut niveau avec des hauts responsables gouvernementaux et le secteur privé sur les FFI. L’ACBF est également prête à concevoir des projets pour appuyer les institutions nationales de lutte contre la corruption et les programmes pour les campagnes médiatiques sur la lutte contre les FFI.
L'intervention de l'ACBF sur le plan institutionnel se traduirait par la conduite d’évaluations des besoins en capacités, la conception de projets complets de renforcement des capacités par la Fondation pour combler les lacunes de capacités institutionnelles; la fourniture d’équipements, d’outils, de méthodes, de processus et de procédures adéquats pour les services/organismes principaux judiciaires et législatifs impliqués dans la lutte contre les FFI. Elle ferait aussi la promotion des réseaux de collaboration entre les acteurs clés, mènerait des visites d’étude et d'apprentissage et établirait une plate-forme de partage sur les accords fiscaux, les juridictions secrètes et les meilleures pratiques d'information.
Pour ce qui est du renforcement des capacités humaines, la Fondation peut faciliter les audits de compétences, la cartographie des institutions de formation ou enseignement spécialisé, concevoir des diplômes liés aux FFI et des programmes de formation à court terme aux niveaux national et régional, promouvoir la coopération, des programmes d'échange et de jumelage ainsi que des activités d’étude et d'apprentissage par les pairs, des ateliers et séminaires de formation et des activités de formation sur le tas. L’ACBF est également prête à offrir des services consultatifs techniques, promouvoir des activités de connaissance et d'apprentissage sur les FFI.
Les flux financiers illicites en provenance d’Afrique sont devenus un sujet de préoccupation majeure en raison de leur ampleur et leur impact négatif sur les programmes de développement et de gouvernance en Afrique. Selon certaines estimations, les FFI en provenance d'Afrique s’élèveraient à 50 milliards US$ par an. C’est environ le double de l'aide publique au développement (APD) que l'Afrique reçoit et, bien entendu, ces estimations sont bien loin de la réalité vu que des données précises n’existent ni pour toutes les transactions ni pour tous les pays africains.
Certains des effets des flux financiers illicites sont l'amenuisement des réserves de change, la perception réduite des impôts, l’annulation des flux d'investissement et une aggravation de la pauvreté. Ces sorties, qui compromettent également la primauté du droit, étouffent le commerce et aggravent les conditions macroéconomiques qui sont facilitées par environ 60 paradis fiscaux et juridictions secrètes dans le monde qui permettent la création et l'exploitation de millions de sociétés déguisées, des sociétés écrans, des comptes en fiducie anonymes et des fondations caritatives fictives. D’autres techniques utilisées comprennent le blanchiment d'argent et le transfert des prix.
Des résultats préliminaires révèlent que la prise de mesures rapides pour restreindre les flux financiers illicites en provenance d'Afrique sera une source importante de financement pour les programmes de développement sur le continent dans un avenir proche. Une des clés de la réussite est l'adoption de lois, règlements et politiques qui encouragent les transactions financières transparentes. En outre, les pays africains doivent approcher le G-20 pour en appeler à une plus grande transparence et une surveillance resserrée des banques internationales et des centres financiers offshore qui facilitent ces flux.
Récits semblables
Comment les flux financiers illicites causent des pertes à l'Afrique
Financement des infrastructures, essentiel pour la revitalisation de l’Afrique de l’Ouest