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Pourquoi l’Afrique a besoin de politiques anti-tabac

Harare, Zimbabwe
01 juin, 2015

Les pays africains feraient bien de considérer des interventions politiques anti-tabac vu que le continent va connaître une forte augmentation de l'usage du tabac dans les prochaines années, ce qui mettra en danger la santé de millions d'Africains et menacera d’alourdir le système de santé du continent. Une récente étude de l'American Cancer Society sur l'usage du tabac en Afrique révèle que, malgré la consommation décroissante de la cigarette dans le monde, d'ici 2030 le nombre de fumeurs en Afrique augmentera de près de 40% par rapport à celui de 2010. C’est la plus grande augmentation prévue dans le monde et une préoccupation majeure pour l'Afrique.

Depuis que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a adopté sa décisive Convention-cadre pour la lutte contre le tabagisme, qui est entrée en vigueur en 2005, de nombreux pays ont adopté une législation qui restreint la commercialisation et la vente des produits du tabac. Ces restrictions, combinées à une plus grande conscience des conséquences du tabagisme et à une meilleure compréhension des actions à l’éthique douteuse des compagnies de tabac, ont conduit à une diminution des ventes de tabac en Europe, en Australie, en Amérique du Nord et en Amérique latine.

Les pays en développement, en particulier ceux du continent africain, ont reçu depuis la dernière décennie une attention sans précédent de l'OMS suite à une augmentation persistante de la prévalence du tabagisme. Cette augmentation est principalement attribuable à l'engagement de l'industrie du tabac pour créer de nouveaux marchés dans le monde en développement. La montée de ces nouveaux marchés est le résultat de la baisse des marchés connue par l'industrie du tabac dans les pays développés, où les gouvernements et les groupes anti-tabac ont commencé l'accélération de la mise en œuvre des politiques visant à réduire l'usage du tabac au milieu des années 1990.

L'American Cancer Society estime que, entre 2002 et 2030, les décès attribuables au tabac devraient diminuer de 9% dans les pays à revenu élevé (PRE), mais devraient doubler, passant de  3 400 000 à 6 800 000 dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire (PFR-PRI).

Alors que seulement 2% des cigarettes consommées au monde se trouvent en Afrique, 6% des fumeurs vivent en Afrique. Bien que l'Afrique ait la prévalence de tabagisme la plus basse au monde, le continent affronte la plus grande menace en termes de croissance future du tabagisme. À l'heure actuelle, 77 millions d'adultes fument en Afrique. Ce chiffre devrait croître de façon constante au cours du prochain siècle, pour atteindre 413 millions de fumeurs en 2100.

L'épidémie de tabagisme en Afrique est à un stade relativement précoce. Il est donc essentiel d'investir dans la lutte contre le tabagisme afin d'éviter une épidémie à grande échelle. Pour contrer l'escalade de l'épidémie de tabagisme, il faut que les gouvernements et les dirigeants, avec l’appui de la société civile et des organisations internationales, collaborent dans leur travail.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que le tabagisme cause environ 71% des cas de cancer du poumon, 42% des maladies respiratoires chroniques, 20% de l'incidence mondiale de la tuberculose et près de 10% des maladies cardiovasculaires. L'usage du tabac est la principale cause évitable de décès chez les adultes. 6 millions de décès surviennent dans le monde chaque année en raison de l'usage du tabac et 10% de ces décès sont dus à l'exposition à la seule fumée du tabac. L'usage du tabac réduit également l'espérance de vie de 20 à 25 ans.

Actuellement, la prévalence des fumeurs de tabac parmi les jeunes dans les pays africains varie de 8% à 43% chez les garçons et de 5% à 30% chez les filles. Le nombre de fumeurs en Afrique devrait toutefois plus que doubler, passant de 84 millions en 2000 à 208 000 000 en 2030, si rien n’est fait.

Cependant, il y a des défis dans la lutte contre la consommation de tabac. Malgré les mesures prises par de nombreux pays, les compagnies de tabac ont planifié stratégiquement leur expansion à travers l'Afrique depuis plus de deux décennies. Pour élargir leur base de consommateurs, ils ciblent de nouveaux fumeurs potentiels dans leur commercialisation, en particulier les femmes et les groupes plus jeunes.

D'autre part, le tabac est une culture de rente dominante pour les producteurs de tabac dans certaines parties de l'Afrique, où les petits producteurs de tabac contribuent au revenu de leurs  ménages à partir de la culture du tabac, vu que le tabac récupère souvent des prix plus élevés sur le marché que ceux des cultures vivrières traditionnelles.

Cependant, en l'absence d'interventions politiques, les résultats dans un taux plus élevé de croissance spectaculaire du nombre de fumeurs atteindront 572 millions d'ici à 2100. D'ici à 2060, l'Afrique aura le 2e plus grand nombre de fumeurs de toutes les régions du monde, derrière l'Asie, avec 14% des fumeurs de la planète (en contraste avec les 6% qu’elle a actuellement), et en 2100 l'Afrique aura 21% des fumeurs dans le monde. La mise en œuvre de politiques visant à arrêter l’augmentation de la prévalence du tabagisme aura un impact considérable.

La mise en œuvre de ces politiques commence avec les pays africains. Ils doivent reconnaître, signer, ratifier et mettre en œuvre la Convention-cadre, y compris le Protocole sur les commerces illicites, puisque le commerce illicite du tabac non seulement aggrave l'épidémie mondiale de tabagisme et ses conséquences connexes sur la santé, mais aussi a des implications en matière de sécurité : le financement du crime organisé, entre autres le trafic des médicaments, des personnes et des armes, ainsi que le terrorisme. La ratification du Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac est nécessaire pour répondre aux impacts financiers, juridiques et de santé du commerce illicite des produits du tabac.

Le 30 août 2014, la Fondation Bill & Melinda Gates a approuvé une subvention de 8 540 407 US$ à la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique. Le but de la subvention est de renforcer les capacités des OSC africaines en vue de permettre des politiques de lutte contre le tabagisme solides et correctement mises en œuvre dans toute la région, et de garantir que le travail des OSC est mieux coordonné et plus ciblé. La subvention a quatre objectifs spécifiques : (i) le renforcement du partenariat et de la coordination de l’élaboration des politiques de lutte contre le tabagisme en Afrique; (ii) le renforcement des capacités des organisations de la société civile (OSC) comme agents de changement efficaces pour lever les barrières au lutte contre le tabagisme dans les pays ciblés; (iii) le Centre de lutte contre le tabagisme en Afrique (CTCA) pour appuyer activement et efficacement la mise en œuvre des politiques efficaces de lutte contre le tabagisme dans les pays ciblés en Afrique; et (iv) renforcer les capacités institutionnelles de l'Université de Cape Town (UCT) à entreprendre des recherches probantes et à fournir une assistance technique aux gouvernements pour une lutte efficace contre le tabagisme.

Ken Ofori Atta

Le partenariat entre le Ghana et l'ACBF est une formidable bénédiction pour nous et l'occasion pour le Ghana d'accueillir la 26e Session du Conseil des Gouverneurs de l'ACBF est donc une chose qui nous tient à cœur.


Honorable Ken Ofori Atta, Ministre des Finances du Ghana et actuel Président du Conseil des Gouverneurs de l'ACBF
Goodall Gondwe

L'Afrique a autant besoin de l'ACBF maintenant qu'au moment de sa création en 1991, et probablement plus.


Honorable Goodall Gondwe, ancien Président du Conseil des Gouverneurs de l'ACBF et Ministre des Finances du Malawi
Lamin Momodou

À notre avis, les réalisations remarquables de l'ACBF au cours des 26 dernières années ne sont pas fortuites. Elles sont le fruit d’un travail acharné, du dévouement, de l’engagement, d’un leadership déterminé, de l’appui des pays membres et d’un partenariat productif.


M. Lamin Momodou MANNEH, Directeur du Centre de service régional du PNUD pour l'Afrique
Erastus Mwencha

La reconnaissance de l'ACBF comme Agence spécialisée de l'Union africaine pour le renforcement des capacités inaugure une nouvelle ère de renforcement des capacités par l'ACBF qui nécessitera un niveau d'engagement politique et un soutien financier appropriés de la part de toutes les parties prenantes.


S.E. Erastus Mwencha, Président du Conseil d’administration de l'ACBF
Thomas Kwesi Quartey

L'ACBF a reçu le statut d'agence spécialisée en raison de son potentiel de transformation de l'Afrique par le renforcement des capacités.


S.E. Thomas Kwesi Quartey, vice-président de la Commission de l'UA
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