Les questions de l'autonomisation des femmes dans l'agriculture de l'Afrique ont été au centre d'une rencontre entre le Secrétaire exécutif de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF), le professeur Emmanuel Nnadozie, et la Présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf le samedi 13 juin 2015, en marge du 25e sommet de l'Union africaine à Johannesburg, en Afrique du Sud.
Depuis le lancement de l’initiative Autonomisation des femmes en agriculture (EWA) en 2012, un projet qui vise à autonomiser les femmes africaines en vue d’améliorer la productivité et la compétitivité du secteur agricole du continent, l'ACBF a mené des études cartographiques et d'évaluation sur EWA dans six des huit pays pilotes : le Burkina Faso, Djibouti, l'Ethiopie, le Malawi, le Rwanda et la Tanzanie.
Lors de la rencontre, le professeur Nnadozie a noté que le Liberia et le Sénégal étaient les deux pays restants où de telles recherches n’avaient pas encore eu lieu et que des plans étaient en cours pour y démarrer l'étude sur l'autonomisation des femmes. Un document de programme sera ensuite finalisé pour tous les pays pilotes.
La Présidente Sirleaf a déclaré que la principale priorité pour les mois à venir devra inclure la préparation d'ateliers de validation des études et du document du programme, la conception de la structure de gouvernance d’EWA, qui comprend un secrétariat et l’élaboration de critères et d'une liste des pays d'accueil à examiner.
Selon la Présidente Sirleaf, une exigence clé pour les pays d'accueil ciblés est leur capacité à appuyer le Secrétariat d’EWA.
Durant la rencontre, il a été convenu que le financement d’EWA serait conçu de manière à tirer profit du potentiel du financement rural, et créer des banques dans les zones rurales dans le cadre de coopératives de crédit afin de consolider la pratique actuelle des femmes qui rassemblent des fonds. Les plans incluent aussi le déploiement d’institutions de microfinancement afin d'autonomiser les femmes financièrement et le développement d’un portefeuille de produits financiers, en particulier dans les domaines du financement des locations et de la franchise. En outre, la mobilisation de capitaux privés au moyen de ressources financières déjà existantes sur le continent sera l'alternative préférée au financement des donateurs pour EWA.
Durant la rencontre, le professeur Emmanuel Nnadozie a exprimé son intérêt à aider EWA par la conception de ses structures de gouvernance, l'animation d'ateliers de validation et la fourniture d’un financement initial pour démarrer le Secrétariat de cette initiative.
Le professeur Nnadozie a également exprimé l'intérêt de l'ACBF à appuyer le Libéria, qui sort à peine de la crise Ébola, en commençant par l’évaluation et le profilage des besoins en capacités des pays. En réponse, la présidente Sirleaf a salué l’appui proposé par l'ACBF et a également demandé à la Fondation d’appuyer la création d'un groupe d’experts qui puisse fournir des informations basées sur des données probantes et sur la recherche, nécessaires à des prises de décisions et une mise en œuvre saines des politiques au Libéria.
EWA a été lancé lors du 19e Sommet de l'UA en 2012 en vue d'autonomiser les femmes, qui constituent la majorité de la population en Afrique, grâce à des programmes stratégiques de renforcement des capacités dans des domaines clés. Son but est d’appuyer les agricultrices et de maximiser leur rôle essentiel dans leur secteur par la promotion de leur accès équitable aux ressources clés telles que la terre, les finances et la technologie, améliorant ainsi leurs moyens de subsistance et leur contribution au développement durable de l'Afrique.
Le [projet] a été initié par le réseau de la Campagne Genre: Mon Agenda (GIMAC) et Femmes Africa Solidarité (FAS), sous la coordination de l’ACBF . EWA bénéficie de l’appui de plusieurs chefs d'Etats, de partenaires multilatéraux et bilatéraux, ainsi que ceux du secteur privé.
L’ACBF et ses partenaires sont convaincus que si les acteurs du secteur agricole, surtout les femmes, ne sont pas pleinement autonomisés pour une productivité accrue grâce à des processus de production axée sur la technologie, l'accès à la terre et un meilleur accès à des marchés plus rémunérateurs, les perspectives de l'Afrique dans l'économie mondiale émergente resteraient incertaines, sinon nettement compromises.